jeudi 25 juillet 2013

Les Rougon-Macquart #13: Germinal, de Zola.



Bonjour à tous et à toutes!

Et voilà, Juillet touche à sa fin! C'est donc le tout dernier article du mois, et j'ai décidé de le consacrer à une nouvelle lecture pour le Challenge Rougon-Macquart. Après la Joie de Vivre la semaine dernière, c'est un roman très célèbre, un grand classique de Zola, que je vais vous présenter: il s'agit de Germinal!  En attaquant ce Challenge, j'appréhendais un peu ce roman, que j'avais déjà tenté de lire il y a quelques années (un échec: j'avais rien compris et trouvé ça horriblement lourd): de nombreuses fois, dans les commentaires, d'autres lecteurs m'ont dit des choses du genre "Germinal m'a dégouté de Zola", "j'ai lu Germinal pour les cours, j'ai détesté"... Bref, j'étais loin d'être rassurée! Je vous souhaite donc une bonne lecture ;)

Pour vous aider:
Cette fois encore, nul besoin d'arbre généalogique. En effet, Zola nous présente dans Germinal un seul personnage de la famille, à savoir Etienne Lantier. Lantier? Ce nom vous dit quelque chose? Et oui, Lantier, c'est l'amant de Gervaise dans l'Assommoir. Etienne Lantier est tout simplement l'un de leurs deux enfants (le deuxième étant Claude). Faîtes attention à ne pas confondre ces trois Lantier ;).

Germinal:

Publié en 1885, Germinal est le 13ème tome de la saga.


Résumé:
Depuis plusieurs jours, Etienne Lantier sillonne le nord de la France: il a perdu son emploi après avoir frappé son supérieur. Il arrive aux mines de Montsou où il trouve un travail d'herscheur. Il se lit d'amitié avec la famille Maheu, une famille de mineurs depuis plusieurs générations, et il découvre la vie des corons: l'entraide des mineurs, mais aussi et surtout la misère, la précarité, la dureté du travail, la faim...
Face à cette souffrance du monde minier, Lantier sent monter en lui des idées de rébellion, portées par le socialisme en plein essor. C'est le début d'une grève sans précédent...

L'explication du titre:
Germinal est un titre qui interpelle, un titre que l'on n'oublie pas en raison de sa singularité. En préparant cet article, j'ai fait quelques recherches afin d'en savoir plus sur sa signification.
A la base, Germinal est tout simplement l'un des mois du calendrier républicain instauré en 1792. Ce calendrier fonctionne avec les saisons, et la découpe des mois a été choisie par rapport à la nature: Vendémiaire, par exemple, correspond au mois des vendanges; Messidor celui des moissons. Et Germinal? Il s'étale sur une période allant de Mars à Avril, et est le mois de la germination, du début de la pousse et des graines qui se développent.
Zola a choisi ce titre pour deux raisons: la première est purement temporelle, puisque l'intrigue du roman se déroule en partie au début du printemps. Ensuite, Germinal est bien évidemment une métaphore de la révolte ouvrière qui germe et finir par éclore, en parallèle de la nature.

Les personnages:



Etienne Lantier:
Etienne est le héros du roman, et dès les premières pages, Zola nous le présente comme un rebelle: il a été renvoyé de son ancien travail pour avoir giflé son supérieur. Même si il met la faute sur l'alcool, ce geste reste néanmoins assez impressionnant!
Et ce côté rebelle devient de plus en plus important à travers les pages: si au départ il est content de retrouver un emploi, un toit, et de manger, la situation lui pèse très vite. Ce qui est intéressant, c'est que Zola nous montre la révolte de Lantier comme un bouillonnement (cette image est utilisée plusieurs fois), comme si en lui ces idées étaient ancrées depuis longtemps et attendaient désespérément de sortir.

Les Maheu:
Notre héros se lit d'amitié avec la famille Maheu, qu'il rencontre dès son arrivée à la mine de Montsou. C'est une famille de mineurs de génération en génération, comme le montre le personnage de Bonnemort, le grand-père.
La famille est composée de Maheu, le père, de sa femme surnommée la Maheude, et de leur sept enfants (Zacharie, Catherine, Jeanlin, Alzire, Léonore, Henri et Estelle). C'est une famille soudée, travailleuse. La Maheude est un personnage frappant: si elle ne travaille plus à la mine, elle veille au bon fonctionnement du ménage, une tâche on ne peut plus difficile lorsque l'on découvre que la famille gagne une misère. Zola a étoffé au maximum chacun des personnages (à l'exception des plus petits) pour décrire au mieux l'univers d'une famille ouvrière.

Catherine:
Catherine est la fille des Maheu. Elle est décrite comme une jeune fille, âgée d'une quinzaine d'années, mais qui semble être beaucoup plus jeune en raison de sa maigreur, conséquence directe de la mauvaise alimentation et de la vie difficile dans les corons, dont nous parlerons un peu plus loin. Au départ, Etienne la prend même pour un garçon! C'est une jeune fille motivée, courageuse et déterminée: on la voit par exemple réveiller ses frères le matin, préparer le petit déjeuner... Au travail, elle partage volontiers avec Etienne son repas, et se montre très bonne équipière.
Dans le roman, Catherine devient la maîtresse de Chaval, un homme possessif, colérique, jaloux, qui nous montre ce personnage sous un autre jour, celui d'une compagne soumise, qui obéit à ses exigences. Elle dit même que maintenant qu'elle a trouvé un amoureux, ce n'est pas la peine d'en changer, même si le comportement de Chaval est parfois très effrayant.

Les grands thèmes du roman:
Penchons nous un instant sur quelques-uns des thèmes majeurs du roman. Ils sont assez nombreux, donc j'ai fait une petite sélection.

La misère du peuple:
Bien évidemment, ce point est plus que capital, et saute presque aux yeux dès les premières pages. Les personnages de ce roman sont des gens de la classe populaire, des travailleurs. Jusqu'à présent, dans la saga, Zola a surtout présenté des personnages qui appartenaient soit au monde commerçant (Octave Mouret, Lisa Macquart, ou même Gervaise dans ses meilleurs moments) ou alors à la moyenne et même haute bourgeoisie.
Dans Germinal, on découvre le monde ouvrier, les mineurs, leur mode de vie, mais surtout leur misère. Zola insiste beaucoup sur ce point en présentant plusieurs moments mettant en scène cette misère: par exemple, la Maheude qui négocie son pain à Maigrat, l'épicier; le moment des comptes où chaque plus petite pièce est importante.
En opposition à cette misère, Zola nous présente les propriétaires terriens, à l'abri du besoin, comme les Grégoire ou les Hennebeau. Le contraste entre ces gens qui échangent des recettes à base d'ananas et les autres personnages qui manquent de pain est particulièrement frappant! D'autant plus que ceux-ci ont presque l'impression d'être généreux avec les pauvres. On découvre par exemple le repas des mineurs, "la brique", ou encore les privations engendrées par le manque d'argent. 

La rébellion:

Parler de Germinal sans parler de la révolte des mineurs, c'est comme parler de Harry Potter sans parler de magie (oui, cette comparaison est bizarre).
Lantier incarne bien évidemment la rébellion, qui prend la forme d'une grève sans précédent. Les mineurs arrêtent tous de travailler, ne cédant pas face à la misère, et la grève devient de plus en plus longue mais aussi de plus en plus violente: certains passages sont assez forts, et même choquants (je pense par exemple aux femmes qui s'en prennent à Maigrat), on a l'impression de découvrir une sorte de remake de 1789. D'ailleurs, à un moment, Zola fait ce parallèle, en expliquant que les nobles avaient causé par leur comportement la révolution de 1789, et que les bourgeois, incarnés par les Grégoire et Hennebeau, faisaient la même chose. 
Le socialisme a un rôle à jouer dans cette rébellion, avec notamment le personnage de Pluchart, représentant de l'Internationale, qui se lance dans de grands discours sur le patronat et les ouvriers. 

Les relations hommes/femmes:
Terminons par un sujet un peu plus léger, à savoir les relations hommes/femmes, un sujet que Zola aborde dans nombre de ses romans.
Dans Germinal, on est loin de Pauline et Lazare qui, dans la Joie de Vivre, sont fiancés pendant des années et des années et se touchent à peine la main. Dans Germinal, c'est assez tôt qu'on choisit le compagnon de sa vie. Zacharie, le fils des Maheu, a par exemple deux enfants avec une jeune fille, 
qu'il finit par épouser. Zola nous montre aussi le dépucelage de Catherine par Chaval, une scène bien loin du romantisme de passages similaires dans d'autres livres! Le sexe est un sujet abordé de façon directe sans être non plus crue (oh, c'est Zola, hein, pas 50 Shades Of Grey!), même si ça peut en choquer certains. 

Mon avis sur ce roman:
Comme je l'ai dit plus haut, j'ai tenté une première fois de lire ce roman lorsque j'étais plus jeune, en seconde ou en première, et j'avais eu énormément de mal à entrer dans l'intrigue: je trouvais le style de Zola très lourd, et je n'avais pas réussi à le finir. Mais cette fois, après avoir lu douze Zola, j'y suis parvenue! Voici ce que j'en ai pensé.

-Tout d'abord, je suis entrée sans problème dans l'histoire. L'auteur ne perd pas de temps en description qui dure dix ans, non, on découvre tout de suite Lantier et ses problèmes, l'univers de la mine. J'ai particulièrement aimé cet aspect: dans certains livres, les débuts descriptifs ne me dérangent pas, mais dans Germinal, dont le sujet est déjà lourd, je ne pense pas que j'aurais apprécié. 

-J'ai aussi beaucoup aimé l'intrigue en elle-même: les rebondissements sont nombreux, on ne s'ennuie pas. L'histoire devient de plus en plus forte, va de plus en plus loin, jusqu'à attendre un climax que j'ai trouvé très réussi. On sent que Zola a passé beaucoup de temps à sa rédaction!

-Les personnages aussi sont très réussis: ils sont certes un peu nombreux (il faut rester concentré!), mais ils sont hauts en couleur, et attachants. La Maheude est un personnage que j'ai adoré, elle est très humaine, dévouée à sa famille. J'ai aussi beaucoup aimé leurs différences, on a de tout: des vieux, des jeunes, des rebelles, des calmes, des penseurs, des suiveurs, des jaloux, des courageux... C'est une vraie fresque humaine, et je trouve que Zola est tout simplement un maître dans la conception de personnages.



-Cependant, j'ai quelques petits bémols à soulever. Par exemple, les sous-intrigues un peu trop nombreuses: on a plusieurs passages pour découvrir les "patrons", comme Mr. Hennebeau, et j'ai trouvé ces passages un peu lourds. Honnêtement, que sa femme le trompe, je ne vois pas vraiment ce que ça apporte à l'intrigue! 

Au final, j'ai bien aimé ce roman, même s'il est loin d'être mon préféré de la saga. Je pense qu'il plaira à ceux qui s'intéressent à la révolte, au monde des mineurs. Par contre je pense que ceux qui cherchent le bon Zola pour commencer risque d'avoir du mal à accrocher, car c'est tout de même un roman assez particulier! En revanche, je conseille à tous le film de Claude Berry, de 1993, avec Renaud, Gérard Depardieu et Judith Henry, une bonne adaptation du livre.



Voilà donc pour Juillet! On se retrouve très vite pour de nouveaux articles, j'espère que le programme d'Août vous plaira! En attendant, n'hésitez pas à me laisser votre avis sur Germinal: l'avez-vous lu? Etudié? Avez-vous vu le film? Bref, qu'en pensez-vous? Sachez en tout cas que je présenterai deux nouveaux Rougon-Macquart d'ici quelques semaines. 

Portez-vous bien!

AnGee Ersatz*




lundi 22 juillet 2013

Challenge Lesen Sie Deutsch? #6: Fiançailles, d'Hermann Hesse.




Guten Tag, les Livroscopiens!


J'espère que vous allez bien! On se retrouve aujourd'hui pour l'avant-dernier article du mois de Juillet, un article écrit dans le cadre du Challenge Lesen Sie Deutsch?, lancé par Bouquinette sur Livraddict, et pour lequel je ne suis pas trop en avance... Il se termine en Octobre, et sur les dix livres que je pensais lire, me voilà seulement au sixième! Mais rien n'est encore perdu, et je vous propose tout de suite de découvrir cette fameuse sixième lecture. Pour l'occasion, j'ai décidé une nouvelle fois de lire un livre d'un auteur "classique" allemand, et j'ai jeté mon dévolu sur Hermann Hesse, dont j'avais beaucoup entendu parler. C'est parti pour Fiançailles, l'un de ses recueils de nouvelles! Bonne lecture à tous!

Wer ist Hermann Hesse?



Commençons par parler un peu d'Hermann Hesse. Né le 2 Juillet 1877 à Calw, en Allemagne, il grandit dans une famille très croyante. Le jeune Hermann, bipolaire, se rebelle contre l'autorité parentale et la religion, et se passionne très vite pour l'écriture, en découvrant le métier de libraire. 
Il touche à de nombreux genres littéraires (poésie, roman, nouvelle...), et connait le succès de son vivant, en recevant par exemple le prix Nobel de la littérature en 1946. Il meurt en 1962, en Suisse.
Ses livres les plus connus sont Peter Camenzind, le Jeu des perles de verre, l'Homme qui voulait changer le monde...

Fiançailles:



Le principe:
Fiançailles est un recueil de nouvelles, qui en contient onze. Le titre est un peu trompeur, car le thème majeur du roman est davantage l'amour et les relations hommes-femmes que les fiançailles. Cependant, ce choix de titre n'est pas non plus illogique, étant donné que la première nouvelle du recueil porte également ce nom!
Ce qui est intéressant, c'est que les nouvelles ont été rédigées à différentes époques de la vie de l'auteur, et, selon les éditions, vous pourrez trouver les dates d'écriture. Une idée que je trouve intéressante, puisque ça nous permet d'apprécier l'évolution du style d'Hermann Hesse!

Quelques unes des nouvelles:
Le recueil est composé de onze nouvelles, mais j'ai décidé de ne pas toutes les présenter, afin de vous laisser le plaisir de la découverte. En voici cependant quelques-unes:

-Fiançailles: cette nouvelle ouvre le livre, et nous propose de découvrir l'histoire d'Andreas Ohngelt, un jeune homme qui, depuis sa plus tendre enfance, est l'objet des moqueries de ses camarades. Devenu adulte, il cherche la femme qui partagera sa vie, et se met donc à cultiver une apparence soignée, des manières élégantes, sans se rendre compte qu'il frise le ridicule, et que le véritable amour se trouve peut être ailleurs...

-Warisbuhel: cette fois, nous suivons le narrateur, en voyage, qui, en prenant le train, tombe sous le charme d'une jolie demoiselle qui regarde par sa fenêtre. Il est prêt à tout pour la retrouver, et pour lui avouer sa flamme.




-Ladidel: le héros de cette nouvelle, c'est Ladidel, un jeune homme élégant qui retrouve un ami d'enfance et sa fiancée, et tome amoureux de la soeur de cette dernière, baptisée Martha. Et cet amour l'entraîne dans tout un tas de pièges, jusqu'à ce qu'il trouve son salut... dans la coiffure!





Les grands thèmes du recueil:
Penchons nous un instant sur les grands thèmes du recueil, afin d'en savoir plus!

L'amour:
Bien évidemment, en voyant le titre, on comprend tout de suite que Fiançailles va traiter de l'amour. Et c'est vrai: chaque nouvelle aborde à sa manière ce thème. Beaucoup d'aspects sont développés: la découverte des sentiments, de l'amour; la volonté de trouver quelqu'un pour partager sa vie; le coup de foudre; les relations triangulaires; la femme fatale; le baiser... Ce qui est particulièrement intéressant, c'est que toutes les nouvelles ont pour héros des hommes, et que nous voyons donc comment les hommes se positionnent par rapport à l'amour. Un point que j'ai apprécié!

L'image des hommes dans la société:
En parlant des hommes, ils sont vraiment au centre de ce recueil. Les personnages sont assez variés: des vieux qui reviennent sur leurs souvenirs, des étudiants, de jeunes hommes, des butineurs, des fidèles... Un large panel de personnages! Mais le plus intéressant, c'est la façon dont ils se comportent face à la société: le regard des autres a vraiment un rôle à jouer dans les intrigues. Andreas Ohngelt cherche à tout prix à faire partie d'un milieu qui n'est pas le sien; on a aussi plusieurs fois des histoires de compagnons ouvriers, un univers particulier avec ses propres règles.
Les personnages de mères ont aussi leur importance: elles cherchent à la fois à assurer l'avenir de leur fils, mais aussi à leur éviter les pièges. 

L'argent:
Pour finir, troisième thème que j'ai trouvé majeur dans les nouvelles d'Hermann Hesse, c'est l'argent. Cela va de paire avec la société, avec l'époque. On voit par exemple des personnages qui, par manque d'argent ou d'une bonne situation, ne peuvent pas épouser la fille de leurs rêves, et à l'inverse ceux qui cherchent désespérément à être ce qu'ils ne sont pas... L'argent est un facteur capital, surtout à cette époque!

Mon avis sur ce recueil:
Comme je l'ai expliqué plus haut, j'ai un peu de mal à tenir mes objectifs pour ce Challenge, et pour cause: jusqu'à présent, je n'ai pas encore trouvé d'auteur allemand qui me transporte vraiment, je n'ai pas eu de gros coups de coeur, et du coup j'ai un peu de mal à m'accrocher. En choisissant ce livre, je tentais un peu le tout pour le tout: si j'aime, je continue, et si je n'aime pas, je laisse tomber. Résultat: je continue! Et oui, je continue car j'ai adoré, mais alors vraiment adoré, ce recueil. Voici pourquoi?

-Tout d'abord, je suis une grande fan des nouvelles. Je sais que assez peu de personnes en lisent, mais c'est quelque chose que j'aime presque autant que les romans. Et je trouve qu'Hermann Hesse est un bon auteur de nouvelles: ni trop courtes, ni trop longues, elles se lisent assez vite (j'ai lu tout le recueil en une journée au boulot, avec pas mal de pauses entre chaque nouvelle), sans nous laisser une impression de fin bâclée ou trop rapide. Cela peut paraître un peu bizarre, mais pour moi, c'est vraiment capital: si je lis une nouvelle et que j'ai l'impression qu'elle est trop longue (je m'ennuie), ou qu'à l'inverse la fin arrive trop vite ("quoi? Mais... c'est tout?"), je suis déçue. Dans le cas de Fiançailles, je n'ai pas eu ce problème.

-Ensuite, j'ai beaucoup apprécié la variété des nouvelles du recueil: si des thèmes sont communs à presque toutes les nouvelles (l'amour, évidemment), ils sont traités de façons différentes, variées, et les intrigues sont aussi très différentes les unes des autres. Je n'ai pas eu la sensation de relire la même chose 150 fois, et ça, c'est aussi un bon point quand on lit des nouvelles!

-J'ai aussi beaucoup, mais alors beaucoup accroché au style d'Hermann Hesse! Il sait rendre les émotions à merveilles, et est particulièrement drôle (et pourtant, je ne pensais pas!). Ses personnages frôlent parfois la caricature et m'ont fait rire: par exemple, Andreas Ohngelt, le héros de la nouvelle Fiançailles, apprend tout un tas de formules de politesse pour briller en société, et ne s'exprime qu'avec des "certes-cela va s'en dire-tout naturellement", sans faire de vraies phrases. Une habitude qu'il a du mal à perdre! Et qui est assez drôle. J'insiste beaucoup sur l'humour, mais c'est l'aspect qui est le plus frappant, selon moi. Pour le reste, l'écriture d'Hesse est fluide, agréable, avec de jolis effets de style, bref, un régal!

En bref, j'ai adoré ce recueil, à tel point que je n'ai rien à redire dessus! Je pense que si vous cherchez à découvrir un auteur allemand, Hermann Hesse est fait pour vous!

C'est donc plus sereine que je vais me lancer à la recherche du prochain livre que je vais lire pour ce Challenge, donc n'hésitez pas à me laisser vos suggestions en commentaire! En ce qui concerne Hermann Hesse, je pense trouver vite, mais alors vite, un autre de ses livres, car je pense qu'il peut vraiment devenir l'un de mes auteurs fétiches! On se retrouve très vite avec le dernier article, à savoir Germinal d'Emile Zola! Prenez soin de vous ;)

AnGee Ersatz*

mercredi 17 juillet 2013

Les Rougon-Macquart #12: La Joie de Vivre, d'Emile Zola.




Bonjour à tous et à toutes!

Nous voici de nouveau réunis pour un rendez-vous désormais bien connu sur le blog, à savoir celui de mon Challenge personnel des Rougon-Macquart. Le mois dernier, je vous proposais de découvrir l'un des romans les plus emblématiques de cette saga, à savoir Au Bonheur des Dames, qui racontait l'arrivée de la jeune provinciale Denise à Paris et sa lente conquête d'un grand magasin de nouveautés. En ce mois de Juillet, ce n'est pas un, mais deux romans d'Emile Zola que je vais vous faire (re)découvrir: en effet, après plusieurs mois à travailler sur ce Challenge, j'ai décidé de me fixer une date limite, le 31 Décembre, pour le finir et je dois donc augmenter un peu la cadence! Commençons sans plus attendre avec le douzième tome de la saga, baptisé la Joie de Vivre! Je vous souhaite une bonne lecture à tous!

Pour vous aider...
Aujourd'hui encore, pas besoin de s'arracher les cheveux en essayant de démêler l'arbre généalogique parfois complexe de la famille. En effet, il n'y a qu'un représentant de celle-ci, à savoir la jeune Pauline Quena, fille de Quenu et de Lisa Macquart, deux personnages découverts dans le Ventre de Paris (le troisième tome de la saga). Pour rappel, Lisa et Quenu sont charcutiers prospères à Paris, et ils accueillent le demi-frère de ce dernier, Florent, une arrivée qui va semer le trouble dans tout le quartier! C'est donc le destin de leur fille que nous allons suivre dans la Joie de Vivre.


La Joie de Vivre:

Publié en 1884, la Joie de Vivre est le 12ème tome de la saga, et nous emmène loin de Paris, et d'Octave Mouret, protagoniste des deux précédents romans.

Résumé:
L'histoire commence un jour de pluie, que dis-je! De véritable tempête. Monsieur Chanteau attend impatiemment sa femme, partie récupérer la petite Pauline, fille de leur cousin, devenue orpheline. Au départ, Pauline, âgée d'un peu plus de 10ans, s'annonce être comme un poids. Mais la famille change vite d'avis: en fait, c'est un vrai tourbillon de fraîcheur, elle apporte de la joie à sa tante, s'occupe de son oncle malade de la goutte, et s'entend à merveille avec Lazare, son cousin plus âgé.

Mais Pauline n'est pas que de la bonne humeur: c'est aussi un gros héritage, fortune léguée par ses parents et surtout sa mère, terriblement économe. Petit à petit, malgré les hésitations du début, la famille Chanteau va de plus en plus emprunter de l'argent à leur cousine, pour aider Lazare, dans ses études puis ses entreprises de plus en plus maladroites et improbables...

Pour Pauline, la vie va de catastrophe en catastrophe: sa tante se met soudain à la détester, son cousin, qu'elle devait épouser, en aime une autre, et son argent part en fumée. Mais toujours, toujours, elle garde la joie de vivre...

La question de l'argent.
L'un des points les plus importants du roman, que l'on retrouve dans la saga de Zola en général, c'est bien évidemment l'argent.
Il n'est pas rare, au contraire, en lisant les Rougon-Macquart, de tomber sur des personnages qui ont un souci ou un lien particulier avec l'argent. On a par exemple les chanceux ou les malins, comme Aristide Macquart, une sorte de Midas qui arrive à transforme en or tout ce qu'il touche. Mais la plupart du temps, les héros de Zola ont une relation beaucoup plus complexe et surtout plus tragique avec l'argent.
C'est le cas de Gervaise, l'héroïne de l'Assommoir, qui après des débuts spectaculaires, qui auraient pu la rendre riche, tombe dans l'alcool, et bientôt l'argent vient à manquer. Denise, dans Au Bonheur des Dames, met chaque sous qu'elle touche de côté, même si elle se fait souvent dépouiller par son frère, et la vie est loin d'être facile pour elle.



Dans la Joie de Vivre, on nous présente le problème de la tentation de l'argent. Pauline est une héritière, et sa fortune attire les convoitises. Sa tante a beau mettre l'argent en lieu sûr en se promettant de ne jamais y toucher, la tentation est là, et on constate rapidement que dès la première occasion, elle n'hésite pas à se servir.
Autre point intéressant par rapport à l'argent, c'est que Zola nous montre aussi le rôle que celui-ci peut jouer dans les sentiments. Par exemple, la tante de Pauline se met à la haïr, car elle s'en veut de lui devoir tant d'argent. A l'inverse, Pauline, dans l'espoir de se faire aimer davantage, ne refuse jamais de prêter quelques francs de plus. C'est un vrai cercle vicieux qui s'installe!

Pauline et Lazare, deux attitudes très différentes face à la vie.

Le téléfilm "la Joie de Vivre".
Dans ce roman, le lecteur peut découvrir tout un tas de personnages, mais les deux principaux sont évidement Pauline et son cousin Lazare, deux héros que l'on peut mettre en opposition en raison de leur vision différente de la vie, et de leur réaction face aux épreuves qu'ils peuvent affronter.
Pauline, c'est la constance. Constance d'abord dans son objectif, celui de rendre son entourage heureux,  quitte à sacrifier son propre bonheur: je ne vais vous spoiler le roman, mais on se rend compte qu'elle est vraiment prête à tout pour cela! Elle est aussi incroyablement constante dans sa façon de percevoir la vie: du début à la fin, elle reste toujours optimiste, et même si elle a des moments de faiblesse et qu'elle craque, c'est toujours en privé. Jamais elle ne fait part de sa détresse aux autres, alors qu'elle serait en droit de le faire. Elle accomplie toutes ses tâches avec le sourire, avec la même dévotion. Quel exemple!
A l'inverse, Lazare est l'incarnation de l'inconstance: inconstance d'abord dans ses projets. Tout d'abord il veut devenir un grand musicien, puis il se lance dans la médecine, et dans une spirale de projets tous plus fous les uns que les autres, des projets qui n'aboutissent jamais. De même, son attitude envers la vie oscille entre moments enflammés, durant lesquels rien ne peut l'arrêter, et des instants de profonds doutes, proches de la dépression. Inconstance amoureuse aussi, comme le montre ses soucis entre Pauline et la jolie Louise...

Mon avis sur ce livre:
En commençant la saga, j'étais vraiment impatiente à l'idée de découvrir ce roman, en raison de son titre rafraîchissant, mais aussi parce que je sais que beaucoup de lecteurs (dont une de mes amies les plus proches) l'aiment particulièrement. Et ce fut aussi mon cas!

Tout d'abord, j'ai vraiment apprécié l'intrigue de départ, à savoir l'arrivée d'une jeune fille qui chamboule toute une famille, ainsi que son évolution vers la tentation de l'argent, thème que j'ai trouvé très bien traité, à la fois avec humour au début (le cérémonial de Madame Chanteau est assez comique!), et avec tristesse lorsque la gentillesse de Pauline prend des allures de sacrifices. Il y a beaucoup de rebondissements, et c'est réellement compliqué, je pense, de s'ennuyer avec tout ce qui se passe. Certes, parfois, on a vraiment l'impression que Zola se répète un peu, mais je n'ai pas trouvé ça dérangeant!

J'ai globalement bien aimé les personnages. Enfin, bien aimé... Disons que j'ai trouvé qu'ils remplissaient à merveilles leur rôle! Madame Chanteau est agaçante, Lazare est plus que stressant, Pauline est touchante (même si parfois j'ai vraiment eu envie de la secouer et de lui dire "mais OH LA ça suffit!"). Comme toujours, Zola a beaucoup travaillé ses personnages, ils sont plein de vie et de relief! Ceux qui aiment les héros à la Zola seront comblés!

Je pense l'avoir montré un peu plus haut, mais je suis particulièrement sensible aux thèmes que Zola développe, et surtout la façon dont il les développe. Au tout début du challenge, je parlais souvent du thème de l'hérédité, et je dois dire que plus on avance, plus ce thème prend tout son sens: certes, l'amour, l'argent, la famille, sont des sujets qui touchent toutes les sociétés, de tous temps, mais là Zola les traite vraiment à l'échelle d'une famille, et de façon très intéressante. Je pense peut-être faire un compte-rendu une fois tous les livres lus. Qu'en pensez-vous?

La Joie de Vivre est donc l'une de mes belles découvertes de ce Challenge, et c'est l'un des livres que je recommande à celles et ceux qui souhaitent découvrir Emile Zola. J'espère que la fin du Challenge m'apportera d'autres surprises de ce genre! N'hésitez pas en tout cas à me donner votre avis sur ce livre si vous l'avez lu, ou vos suggestions de lecture! On se retrouve très vite, pour d'autres articles mais aussi pour une nouvelle lecture "Rougon-Macquart", à savoir Germinal, l'un des romans les plus connus et lus de Zola. En attendant, portez-vous bien!

AnGee Ersatz*

lundi 15 juillet 2013

BrodyScope #2: La Vie Devant Soi, de Romain Gary (Emile Ajar)




Bonjour à tous et à toutes!

J'espère que vous allez bien et que votre mois de Juillet a bien commencé! On se retrouve aujourd'hui pour un nouveau numéro du BrodyScope. Le BrodyScope? Qu'est-ce que c'est? Tout simplement le nom qui désigne les collaborations entre Brody Books, la chaîne YouTube de ma super et superbe correspondante Clélia, et le Livroscope, mon blog. Le mois dernier, nous vous avons proposés une lecture commune du roman de Kate Quinn, la Maîtresse de Rome, et cette expérience a été un tel plaisir que nous avons décidé de la renouveler! Pour ce deuxième échange, nous avons un peu changé de concept... Je m'explique: Clélia et moi avons chacune préparé une liste de nos livres coups de coeur, et nous avons ensuite échangé ces fameuses listes, et de choisir une lecture parmi les livres proposés. Le but: découvrir l'un des romans fétiches de l'autre! Mais pour "pimenter" un peu plus l'expérience, nous avons décidé de garder nos lectures secrètes: ainsi, je ne sais pour l'instant absolument pas ce que Clélia a choisi, et elle découvrira en lisant cet article mon choix, qui est La Vie Devant Soi, de Romain Gary (publié d'abord sous le pseudonyme d'Emile Ajar). J'espère que ce concept vous plaira, et je vous souhaite une bonne lecture!


Pourquoi j'ai choisi ce livre:



La liste de Clélia était vraiment intéressante, beaucoup de livres me parlaient, et le choix a été assez dur à faire! Après avoir bien réfléchi, j'ai décidé de lire la Vie Devant Soi, de Romain Gary. Pourquoi?
Tout simplement parce que lorsque j'ai découvert que ma correspondante était Clélia, je suis allée fouiner sur sa chaîne YouTube, en mode Inspecteur Barnaby, histoire de voir un peu à qui j'avais à faire (on remarquera d'ailleurs que l'Inspecteur Barnaby devient une référence plus que récurrente sur mon blog, c'est inquiétant!). Et la première vidéo que j'ai vu d'elle, c'était celle où elle présentait Anna Karénine et... ce roman de Romain Gary! Et honnêtement, Clélia a parlé de ce livre avec beaucoup d'émotions, des paillettes dans les yeux, bref, on sentait que la Vie Devant Soi l'a profondément marquée! Mon choix est donc à la fois dicté par son avis enflammé sur ce livre, et par un petit côté "émotion", puisque c'est avec lui que j'ai découvert Clélia :)

La Vie Devant Soi:
Publié pour la première fois en 1975, la Vie Devant Soi est un livre à l'histoire intéressante et assez originale, autant au niveau de son intrigue que de sa conception et réception. Je vais donc tâcher de vous le présenter le plus précisément possible.

Résumé:



Dans la France des années 1950, Mohammed, jeune garçon musulman, vit depuis tout petit chez Madame Rosa, une vieille dame juive, ancienne déportée d'Auschwitz et ancienne prostituée, qui garde les enfants d'autres prostituées contre de l'argent. Momo, qui ne connait rien de ses origines, grandit dans un quartier parisien difficile, dans un immeuble où se côtoient prostituées, "proxynètes", "travestites" et personnages hauts en couleur. Entre le gamin de 10ans et Madame Rosa s'installe un lien particulier, alors que la vieille dame tombe malade...


La petite histoire d'Emile Ajar:
Lorsque le roman est publié en 1975, Romain Gary est un auteur bien connu. Né en 1914, dans l'ancêtre de la Pologne, il arrive à l'adolescence en France, et commence très tôt à écrire. Il reçoit même en 1956 un Prix Goncourt pour les Racines du Ciel.

("Oui, j'aime fumer dans une posture de poète maudit avec un veston improbable")


Au cours de sa carrière, Romain Gary a utilisé à plusieurs reprises des pseudonymes pour publier d'autres romans: par exemple, il a écrit sous le nom de Fosco Sinibaldi, de Shatan Bogat, ou encore d'Emile Ajar, pseudonyme qui fit frémir le monde littéraire.
Emile Ajar, du vivant de Romain Gary, est l'auteur de quatre romans, dont notre fameux livre. Fameux livre qui remporte le prix Goncourt! Mais, scandale, l'auteur, qui est un parent de Romain Gary, refuse cet honneur, et la presse se déchaîne alors sur ce refus. Quelles en sont les raisons? Qu'en pensent les différentes parties?

Après la mort de Romain Gary, la "supercherie" est révélée: en fait, Emile Ajar, c'était lui, et il se servait de son proche parent comme couverture... On sait donc qu'aujourd'hui, Romain Gary est le seul écrivain deux fois récompensé par le Goncourt! Une histoire un peu folle, non?

Une façon d'écrire inventive et originale:
Concernant le livre lui-même, il est impossible de ne pas parler de la façon dont il est écrit, car c'est vraiment ce qui saute aux yeux dès les premières pages. Pourquoi? Tout simplement parce que le narrateur n'est autre que Momo, un enfant, et que l'auteur a choisi d'écrire le livre tout simplement à travers les yeux mais aussi les mots d'un enfant. Le style est donc très particulier, la façon de s'exprimer est celle d'un petit garçon qui ne comprend pas tout ce qu'il peut dire, répète aussi les expressions des adultes sans forcément les maîtriser, et surtout, qui dit ce qu'il pense, ce qui lui traverse l'esprit, sans réfléchir pendant 10 ans à la portée de ses mots.
Dans le roman, les choses ne sont pas jolies jolies: on a des enfants abandonnés, des prostituées, de la drogue, de la pauvreté, mais tout est raconté par la voix innocente et un peu naïve d'un enfant, ce qui renforce, selon moi, ce que Momo nous dit. Par exemple, lorsque le petit Momo nous dit qu'il va faire le "proxynète" pour ramener de l'argent à Madame Rosa qui est malade, alors qu'il ne maîtrise pas son vocabulaire et n'a qu'une idée assez vague de ce qu'est un proxénète, je trouve ça beaucoup plus frappant que si c'était un adulte qui s'exprimait.
Le style peut donc en rebuter plus d'un, surtout si vous n'aimez pas les écritures enfantines (en apparence seulement!), mais est vraiment là pour servir l'histoire de Momo.

Mon avis sur ce roman:
En attaquant ce livre, j'ai comme qui dirait presque plongé dans l'inconnu, puisque je n'avais comme base que l'avis de Clélia. Même si j'accorde énormément d'importance à ce que Clélia pense, surtout au niveau littérature, j'avais assez peu d'informations dessus. Voici donc ce que j'en ai pensé!

-Commençons par le style, qui est l'élément qui saute le plus aux yeux lorsque l'on commence le livre. Personnellement, je ne suis pas vraiment habituée aux écritures enfantines, je n'ai jamais beaucoup lu de romans utilisant ce procédé. En ouvrant le livre, j'ai été assez surprise: je savais, par la vidéo de Clélia, que ce point risquait de surprendre, et je confirme, ça surprend! Au début, j'ai vraiment eu beaucoup de mal à me mettre dans le livre, je trouvais cette façon d'écrire perturbante, même un peu énervante. Cependant, plus on avance dans le livre, plus on s'y habitue: on comprend certaines expressions de Momo, ses "tics de langage", et du coup, pn s'y fait. De plus, comme je l'ai dit plus haut, on se rend compte très vite que ce choix n'est pas anodin et est un vrai moyen de renforcer les paroles de Momo! En terminant le roman, j'avais l'impression non pas de lire, mais de parler avec le petit Momo, et j'étais très émue. Je tire aussi mon chapeau à l'auteur, car utiliser une telle façon d'écrire, c'est compliqué, et risqué!

-L'intrigue, assez simple, est celle de l'affection croissante entre un petit garçon et une vieille dame. Dit comme ça, ça paraît un peu plat, mais Romain Gary a su apporter une grande dimension à son histoire. Le petit Momo nous raconte non seulement l'histoire de Madame Rosa, mais aussi celle d'autres habitants du quartier, comme Monsieur Hamil, un vieil homme qui lit le Coran et Victor Hugo; Madame Lola, une "travestite", ancien boxeur qui a le coeur sur la main... Toutes ces rencontres sont une sorte de témoignage, les personnages présentés sont à la voix hauts en couleur, mais tellement proches! Du coup, on ne s'ennuie pas, on va au gré des pensées de Momo, de ses rencontres, et on découvre un large panel de personnages qui enrichissent profondément l'histoire.

-Dernier point sur lequel j'ai envie d'insister, c'est sur les thèmes abordés. Si on s'arrêtait au style enfantin, on pourrait penser qu'il s'agit simplement d'un livre pour enfants, mais on en est loin. Ce que Momo nous raconte, c'est aussi le "côté obscur" de la vie, c'est les prostituées qui ne peuvent pas s'occuper de leurs enfants, l'analphabétisme, le racisme, les souvenirs de la Seconde Guerre Mondiale... Des sujets assez lourds, présentés parfois de façon comique, mais qui restent des sujets de réflexion, des sujets graves. J'ai particulièrement aimé cet aspect!

Pour conclure, je dois dire que la Vie Devant Soi est un vrai coup de coeur! Je ne pensais apprécier autant ce livre en l'ouvrant, et c'est une bonne surprise. C'est un livre très émouvant, touchant, qui raconte sans détour des choses parfois crues, parfois dures, mais avec beaucoup de justesse. Si je devais trouver une seule chose à redire sur ce roman, je dirais juste que Momo a un peu tendance, parfois, à se répéter sur certains détails, mais cet aspect est vraiment minoritaire par rapport au reste du livre. Je le conseille donc à ceux qui aiment les histoires fortes, qui n'ont pas peur du langage enfantin, et qui veulent découvrir ou redécouvrir Romain Gary!


La lecture de Clélia.
ICI

Et voilà, j'espère que cet article vous a plu! On se retrouve très vite pour de nouvelles lectures, en attendant n'oubliez pas de me laisser votre avis ou vos suggestions en commentaire, car c'est toujours un plaisir de vous lire! J'espère vraiment que Clélia et moi retravaillerons ensemble prochainement ;)

Portez vous bien!

AnGee Ersatz*


vendredi 12 juillet 2013

Spécial Eté: Petite sélection de livres pour les vacances, par Natalie.




Bonjour les Livroscopiens!

J'espère que vous allez tous bien! Aujourd'hui, c'est un article un peu spécial que je vous propose. L'année passée, j'avais demandé à ma mère, connue aussi sous le nom de Natalie, de préparer une petite sélection de polars, parfaits pour l'été. Et cette année, nous avons décidé de reprendre ce principe, mais en le modifiant un petit peu. Si vous partez à la plage, en Alaska, si vous restez chez vous, si vous allez au boulot, bref, quoi que vous fassiez cet été, cette liste est faite pour vous! Voici les coups de coeur de l'été de Natalie.

AnGee.

La sélection de Natalie!

Voici ma sélection de livres « spécial été », lus et approuvés par moi.

Il y en a pour tous les goûts et tous les budgets, LE polar de l'été, un livre drôlissime, une saga familiale et un classique en livre de poche.



Je commence donc par le polar de l 'été Le sourire des pendus  de Jérôme Camut et Nathalie Hug.
Ne soyez pas effrayé par ce pavé, il se lit très facilement tant le suspense est haletant.
Laura Mendès, est une journaliste qui enquête sur le meurtre non résolu d'un célèbre avocat qui menait semble-t-il une double vie. Alors que ses investigations la mènent dans les milieux glauques du monde de la nuit, elle est enlevée et séquestrée.
Arrivera-t-elle à s'en sortir ? A-t-elle été trahie par son entourage ? Traquait-elle le scoop de trop ?
Les chapitres s'enchainent, les histoires se recoupent, les rebondissements nous tiennent en haleine jusqu'à la dernière page.
Bref à lire absolument.





Le livre drôlissime qui fera pouffer de rire même les plus chaffoins, c'est Le livre de chevet du mari idéal  de Pierre Antilogus et Jean-Louis Festjens.



A laisser trainer à portée de votre mari si vous en avez marre des soirées beaufs / foot/ pizzas, à lire en solo pour se rappeler à quel point la solitude parfois ça a du bon.
Toutes celles et ceux qui ont un jour connu la vie de couple s'y retrouveront.
Ponctué d'illustrations et de conseils, délicieusement misogyne, ce livre vous expliquera messieurs avec des nombreux exemples les mérites comparés de la femme ou de l'animal de compagnie, afin de savoir s'il vaut mieux vivre en couple ou adopter un épagneul.

J'adore !


Mon super giga coup de cœur c'est Maine de J. Courtney Sullivan.
Cette jeune auteur new yorkaise a déjà publié Les débutantes  (il vient de sortir en poche, je dis ça, je dis rien^^), l'histoire croisée de quatre amies de fac, qui mènent des vies très différentes et qui se retrouvent à l'occasion de la disparition de l'une d'entre elles.

Cette fois, il s'agit d'une saga familiale racontée à travers quatre femmes de la même famille, la grand-mère, une de ses filles, sa belle fille et sa petite fille.
Des portraits d'une vérité rare, des secrets de famille qu'on croit bien gardés mais qui ressurgissent génération après génération, des apparences trompeuses, des filiations douloureuses, des failles, bref la vie, décrite avec une justesse rare.
Ça m'a fait penser à Rien n'est trop beau  de Rona Jaffe (en poche aussi...).

On se retrouve dans ces histoires, les traits de caractères, les relations familiales souvent compliquées sous le vernis étincelant de la perfection, les bonheurs et les épreuves de l'existence.
Je suis en train de le lire, je n'arrive pas à le lâcher, sauf quand le sommeil est plus fort que ma volonté d'en venir à bout. C'est ce genre de livre qu'on a hâte de finir pour connaître le dénouement, mais qu'on lit lentement parce qu'on sait qu'une fois terminé il y a peu de chance pour qu'on retombe un jour sur une histoire de cette densité.




Enfin, un classique, en poche, pas cher, facile à lire même si on aime pas lire.



Il s'agit de  Knock  de Jules Romains, une pièce de théâtre sur la médecine et ses dérives. Satyrique, frôlant avec l'absurde, on s'amuse en découvrant comment, un médecin arrive à rendre tout un village (du moins ses plus fortunés habitants) malade, juste par la persuasion. 
La preuve que quand on veut vraiment se trouver un « bobo » on y arrive sans problème, un livre à conseiller aux hypocondriaques !

En lisant ces quatre livres, vous passerez de bons moments, il fera toujours beau, vous ne prendrez pas de coups de soleil, les moustiques ne vous piqueront pas, et vous serez plus intelligents et sexy à la rentrée, c'est garanti !

Natalie.



mercredi 10 juillet 2013

Challenge United Kingdom #9: Une Vie à Londres, d'Henry James.



Bonjour à tous, Livroscopiens!

Ou "Hello, Livroscopians!", devrais-je dire! Car aujourd'hui je vous propose de découvrir une nouvelle lecture effectuée dans le cadre du super Challenge United Kingdom organisé par Vashta Nerada via Livraddict, et auquel je participe assidument depuis son commencement. Après Walter Scott et le Talisman en Juin (article qui, d'ailleurs, vous a beaucoup fait réagir, donc merci! :D), nous allons partir à la rencontre d'un autre auteur très célèbre et que je rêvais de découvrir depuis plusieurs années, Henry James! La liste de ses oeuvres étant assez impressionnante, j'ai eu l'embarras du choix: j'ai donc choisi un titre qui me faisait beaucoup penser au Challenge, Une Vie à Londres. Bonne lecture à tous!


Quelques mots sur... Henry James.

Commençons par nous pencher quelques instants sur notre auteur du jour, Henry James!
Henry James est né en 1843 à New York. Je sais ce que vous allez dire: "oui, mais le but du Challenge, c'est de découvrir des auteurs made in United Kingdom!". Patience, vous allez comprendre.
L'enfance du petit Henry se passe dans une famille américaine aisée, qui aime voyager, surtout en Europe! Il vit donc ses premières années dans notre continent, une expérience qui le marquera, et qu'il réitérera à l'âge adulte. Le début des années 1870 marque le début de sa carrière en tant qu'auteur, avec le Regard aux Aguets, puis Roderick Hudson. Le succès est au rendez-vous, et Henry James vit même, modestement certes, de sa plume: il écrit beaucoup, et est aussi publié dans des journaux.
Il passe sa vie entre l'Europe et les Etats-Unis, des voyages qui serviront de base à ses romans. Peu de temps avant sa mort, en 1916, il demande la nationalité britannique, malgré son attachement à son pays natal, ce qui me permet aujourd'hui de vous parler de lui!



Une Vie à Londres:



Résumé:
L'histoire se passe en Angleterre, à Londres, au coeur du 19ème siècle. Laura, américaine, est venue s'installer chez sa soeur Selina après des problèmes familiaux dans son pays natal. Mais les deux soeurs sont trèèèès différentes l'une de l'autre: Laura est d'un caractère calme, réservé, elle sort peu, sauf pour aller voir Lady Davenant, une vieille dame qu'elle apprécie pour ses piques et bons conseils; Selina, elle, est exubérante, elle est de toutes les bonnes soirées, côtoie beaucoup de monde, bien qu'elle soit mariée et mère de famille. Laura a énormément de mal à supporter le train de vie de sa soeur, d'autant plus que Selina est volage. Un comportement intolérable pour sa soeur, une soeur perdue entre traditions anglaises et américaines. Comment la faire changer? Peut-elle changer?


"Une histoire inspirée de faits réels".
Après avoir lu Une Vie à Londres, je me suis penchée sur la préface de mon édition (oui, je lis la préface APRES, quelle logique ^^), et quelle surprise d'y découvrir qu'Henry James a choisi comme inspiration une histoire vraie, celle d'une jeune fille qui a mis fin à ses jours après avoir découvert les infidélités de sa mère. Evidemment, l'histoire d'Une Vie à Londres est assez différente de la réalité, mais j'ai trouvé cette anecdote intéressante, et j'ai voulu vous la faire partager!

USA vs Old Europe:
En lisant le roman, j'ai particulièrement été frappée par les parallèles faits entre l'Angleterre, l'Europe en général, et les Etats-Unis, nation naissante. Tout d'abord, on a deux héroïnes sur deux continents différents, qui s'affrontent autour des moeurs, des responsabilités et du rôle de la femme; d'autres personnages, comme Lady Davenant, sont là pour incarner leur pays. Laura fait très souvent référence aux différences entre Etats-Unis et Angleterre.


Lorsque j'ai fait mes recherches, j'ai compris que ce thème est tout simplement récurrent dans l'oeuvre d'Henry James. Comme je l'ai expliqué plus haut, il a lui-même vécu toute sa vie entre deux continents et a été très inspiré par les différences entre eux. Tout comme dans The Age Of Innocence, qui nous montrait le difficile réadaptation à la vie américaine d'Ellen Olenska après plusieurs années passées en Europe, Henry James s'applique à nous exposer ce conflit culturel! Un sujet passionnant!

Mon avis sur ce livre:
Je ne vous le cache pas, avant de commencer ce roman, j'étais un peu inquiète. A chaque fois que je découvre un nouvel auteur et surtout un auteur dit "classique", je me pose beaucoup de questions: est-ce que je vais aimer? Est-ce que le style ne va pas être trop lourd?... J'avais entendu parler d'Henry James à plusieurs reprises, surtout en cours où on nous le conseillait, mais je ne savais pas à quoi m'attendre: la quatrième de couverture ne nous apprend rien (du moins en ce qui concerne l'édition que j'ai) sur l'intrigue, si bien qu'on attaque le livre sans trop savoir sur quoi on va tomber. Beaucoup d'inquiétude, donc, mais un final, une bonne surprise! Voici pourquoi.

L'une de mes préoccupations, c'était bien évidemment le style. J'avais peur de tomber sur un truc hyper pompeux, où on doit relire quatre fois une phrase pour la comprendre, car en ce moment, je n'ai pas forcément envie de lire des romans "prise de tête". Et bonne surprise: le style d'Henry James est très, très agréable à lire! Dès les premières lignes, j'ai été plongée dans son univers, sans problème. Les paragraphes se suivent avec fluidité, et les pages s'enchaînent sans que l'on s'en rende compte! Mais attention: fluidité ne rime pas forcément avec trop de simplicité! Au contraire, on sent que le style est très recherché, travaillé, et j'ai beaucoup aimé certaines comparaisons et métaphores (je pense par exemple aux "mélancoliques morceaux de pain grillé", olala). En bref, rien qu'au niveau du style, Une Vie à Londres a été pour moi un régal!



J'ai aussi bien accroché à l'intrigue: à première vue, elle est assez simple, mais je me suis vite aperçue que cette apparente simplicité permettait à Henry James de développer plusieurs aspects, comme la psychologie des personnages (dont je parlerai plus loin), mais aussi la dualité Etats-Unis/Europe, l'implication et le rôle de chacun dans une fratrie... Des thèmes universels et intemporels, je trouve! Je ne me suis pas du tout ennuyée en lisant ce livre, qui est d'ailleurs assez court! D'ailleurs, en parlant de l'intrigue, j'ai beaucoup pensé à Manon Lescaut, en le lisant, car les thèmes sont assez proches, même si j'ai mille fois préféré Une Vie à Londres.

En ce qui concerne les personnages, j'ai trouvé qu'Henry James avait accordé un grand soin à leur développement et conception. Je les ai trouvées très travaillés, et il me semble difficile de ne pas ressentir quelque chose pour eux, que ce soit de la peine, de l'amitié, ou de l'énervement. J'ai particulièrement aimé Lady Davenant, une petite mamie pleine de vie, dont la vision de la vie est très intéressante. Chaque personnage est différent et leurs interactions sont passionnantes!

Seul bémol pour moi: la fin, que je trouve un peu trop rapide et floue. J'aurais aimé en savoir plus, ou du moins j'aurais aimé une fin un poil plus précise. Mais ce livre reste un petit coup de coeur: je le conseille donc à ceux qui veulent découvrir Henry James, et à ceux qui aiment les portraits!

Pour conclure, j'ai vraiment beaucoup aimé ce premier contact avec la plume d'Henry James, et je pense me procurer très vite d'autres livres de cet auteur, afin de poursuivre ma découverte! Je ne sais pas encore quel livre je vous présenterai le mois prochain pour ce Challenge, mais je pense choisir encore une fois un auteur un peu "classique"... N'hésitez pas à me laisser vos suggestions/avis/critiques en commentaire, c'est toujours un plaisir pour moi de vous lire! On se retrouve très vite sur le blog...

AnGee Ersatz*

Si vous avez aimé...

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